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Notes Autonomes

Camille Bruat

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Créer une nouvelle forme d’architecture, qui ne serait ni une installation, ni une maquette, ni une sculpture, mais simplement à échelle humaine, voilà l’ambition de Camille Bruat. C’est ainsi qu’elle propose une organisation de barres métalliques agencées à la manière d’un échafaudage. A partir de premières ébauches de recherches, Camille porte son dévolu sur des photographies de l’ancienne école d’architecture de Nanterre, en construction. Ancienne, puisque cela fait bientôt 15 années qu’elle est portée à l’abandon. Cet édifice hérité des années 70, reprend l’idée d’espaces modulables pour permettre la circulation des données. Ces photographies du bâtiment  flambant neuf sont visibles sur la banque d’images du site du Centre Pompidou. On y discerne les espaces, appelés « unités d’habitation », délimités les uns par rapport aux autres, ils se chevauchent et se croisent visuellement. Ils donnent l’impression d’une mini cité horizontale surélevée par quelques pilotis. Pourtant, lors de la visite de Camille, le bâtiment devenu poreux, marqué par les passages et rongé par la végétation semble vertical. Tous les espaces communiquent les uns avec les autres par des halos lumineux, les escaliers centraux ou les trous béants entre chaque palier. Une confusion entre chaque étage s’opère, puisque l’ouverture des terrasses donnent sur le niveau supérieur, ou le niveau inférieur empêchant toutes délimitations claires.

 

La structure telle un échafaudage est un parallèle aux fondations de l’école d’architecture uniquement constituée de piliers en métal, qui se croisent et s’organisent selon une grille répétée indéfiniment. On appelle ce type de construction « architecture organique » en raison de la proliféra on des espaces comme des cellules vivantes, modifiés à chaque division.

Il n’y pas que les graffitis qui signifient le passage dans un lieu abandonné. En effet, l’attention de Camille se porte sur le réseau de tuyauterie. Le plus souvent cassés, démontés voire arrachés pour être revendus, ces tuyaux métalliques peuvent tout aussi bien être simplement usés par le temps. Parfois ils pendent, bloquent le passage. Ces barres métalliques arborent par le hasard de leurs formes, l’empreinte de l’arracheur et la direction des tentatives. Mais, leurs formes peuvent tout aussi bien dépendre de la configuration du mur sur laquelle elles étaient maintenues. Telles des objets parsemés à travers l’espace, elles se raccrochent au temps, fragmentent l’espace et entraves les passages. Des tiges en métal, sinueuses et souples traverseront les différents espaces de l’échafaudage que produira Camille, s’opposant directement aux fondations d’une construction à l’aspect statique, organisée et ancrée sur le territoire. Reprenant les déformations de la tuyauterie amenées par l’humain, organiques et souples, ces barres tordues s’attacheront aux images repères utilisées lors des pérégrinations des artistes dans l’école désaffectée.

 

Reproduire l’échelle humaine est d’une certaine manière ramener le vécu à l’expérience de l’individu et non à celui du bâtiment. Cette structure de lignes croisées s’organise de la même façon qu’une partition musicale : avec des notes autonomes, jouées par les nombreux passages. En mettant l’architecture en négatif, Camille souhaite souligner l’espace vécu issu de la rencontre du lieu avec celle de l’individu.

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